Nobilitas

Nobilitas

Qu’est-ce qu’il a à nous em****** avec ces histoires de lacets celui-là ? Qu’est-ce qu’il a à nous regarder de haut, et à oser penser qu’une question vestimentaire peut dépasser en intensité une question tant fondamentale que celle de l’existence de l’être suprême ! Quel snob !
Voilà déjà le genre de commentaires auxquels ma candeur est confrontée. Si je m’en prend à vous du haut de mes 1m87 pour vous parler de chaussures, ce n’est certainement pas pour raser les pâquerettes. Quant à me soupçonner de snobisme… quoique… dépend ce que l’on entend par snob.

Si l’on entend par snob sa définition courante actuelle – provenant fort probablement du livre de Thackeray, The Book of Snobs, publié en 1848 -, soit une personne qui admire et imite sans discernement les manières et les modes en usage dans les milieux distingués, je pense que personne n’osera avouer qu’en manière de lacet les aristos sont rois, pas plus du fait de ma fort peu probable imitation.

Si l’on revient un peu en arrière dans le temps et qu’on comprend par snob une personne de basse condition – sens dont les premières occurrences semblent remonter à 1831 et que l’on soutient parfois de l’étymologie fantaisiste, proposée après coup, de s(ine) nob(ilitate) – je me vois dans l’obligation de plaider coupable ; mais étant donné que la Suisse n’a jamais connu ni la monarchie ni l’aristocratie, seule la noblesse de coeur y a sa place ; et je ne pense pas que je puisse être ainsi mesuré au cardiogramme des lacets.

Si l’on remonte encore en arrière, jusqu’en 1796, où snob désignait à Cambridge les personnes ne faisant pas partie de l’Université, je ne peux être qu’innocent de toute charge, étant pour ma plus grande joie, membre de l’Alma Mater.

Si l’on en vient au sens premier de snob, connu en 1781, il désignait… le cordonnier ou l’apprenti-savetier.

De quoi retourner à nos affaires de chaussures et mettre un point final à la discussion. En effet, il y a de la noblesse dans les chaussures !

weston

2 Replies to “Nobilitas”

  1. Et à dire que tout ce discours – de la hauteur de tes talons – vient de la nobilité attribuée à des livres… TES livres, mon cher.
    Ayant été traitée de snob plus d’une fois dans ma vie, je me tiens à l’étymologie « fantaisiste » pour soigner mon égo familial brisé par la Grande guerre…
    Que du plebs tout autour! *exit super dramatique*

  2. Mes chaussures, qui ne sont malheureusement pas des Weston, ont des talons de 2.5cm (j’ai contrôlé) ; je ne vais donc jamais concurrencer les souliers à talon de ces dames…
    Quant à MES livres, je les respecte et je les soigne… et je dois dire que j’avais oublié à quel point la lecture du Dictionnaire Historique de la Langue Française pouvait être attrayante.
    En ce qui concerne snob, l’étymologie est peut-être moins fantaisiste qu’a posteriori… Toujours est-il qu’il est souvent intéressant de constater la vulgarité des personnes usant de ce mot pour qualifier autrui… c’est parfois tout simplement jouissif de se faire traiter de snob par des truites arc-en-ciel ou des vieux pédants asthmatiques…

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