Je me souviens

Je me souviens

geneveneigeweb.jpg

Première neige à Genève, avec vue sur le Salève… Il était temps ; après un début janvier qui n’avait rien d’hivernal, c’est presque un réconfort de s’apercevoir que la neige existe encore. Rien à voir – malheureusement – avec les hivers de mon enfance en Valais (le plus mémorable – de mon modeste temps – était en 87, avec plus d’un mètre de neige et -24° C en plaine), mais c’est déjà de quoi permettre aux enfants – et adultes – de s’ébattre joyeusement avec les bonshommes de neige… et pour moi de me souvenir…

« Je me souviens », la devise du Québec. Il est des terres qui façonnent les gens qui y habitent. Le Québec, comme le Valais, est de ceux-là… des hivers rudes et froids, des printemps souvent mitigés et un peu trop court, des étés chauds traversés d’orages et des automnes de couleur rouille. L’attachement au « pays » y est semblable, bien que pour différentes raisons – montagnes et plaines peut-être. Ces premières neiges genevoises ont eu tôt fait de rappeler à mon bon souvenir Claude Léveillée, chanteur québécois ; deux chansons « hivernales » plus précisément :

Pour quelques arpents de neige Paroles et musique de Claude Léveillée, 1993

Pour quelques arpents de neige
Des amis me sont venus
Pour quelques arpents de neige
Se sont perdus… au pays
Pour quelques arpents de neige
Mes amis se sont battus
Pour quelques arpents de neige
On a pendu au pays

Des sapins bleus
Des érables mouillés
Ont pleuré tous ces gens
Qui s’aimèrent tant
Sur ces quelques arpents
Sur ces quelques arpents

Pour quelques arpents de neige
Moi, j’aurai donné ma vie
Pour quelques arpents de neige
Oui ma vie au pays

Des sapins bleus
Des érables mouillés
Me verront m’en aller
Disparaître quelque part
Quelque part sous la neige
Quelque part par ici
Mon ami je te dis
Je te dis que l’on vit
Peu de temps
Que le temps
De quelques arpents

Mon pays Paroles et musique de Claude Léveillée, 1993

Mon pays c’est grand à se taire
C’est froid, c’est seul
C’est long à finir, à mourir
Entendez-vous les vents, les pluies, les neiges et les forêts ?
Mon pays quand il te parle
Tu n’entends rien tellement c’est loin… loin… loin… loin…
Entendez-vous les vents, les pluies, les neiges et les forêts ?

Dans mon pays, les gens se taisent
Endurent, apprennent
Et se cramponnent aux dures semaines
Entendez-vous les vents, les pluies, les neiges et les forêts ?

Et que veux-tu que je te dise de plus ?
Que mes pères au lieu de s’en aller s’instruire
Pour survivre se devaient de construire
Et que maintenant arrachent et fracassent
Arbre et nature
Pour au plus vite s’inscrire dans le bien-vivre

Dans mon pays les gens se taisent…

Claude Léveillée est un grand homme de la chanson : auteur-compositeur, il a donné à la chanson en langue française certains de ses plus beaux textes, et certaines de ses plus émouvantes musiques. Né le 16 octobre 1952 à Montréal, il entreprend des études en sciences économiques, politiques et sociales à l’Université de Montréal ; pourtant, son entrée dans le monde de la chanson et du spectacle n’est pas vraiment une surprise, le milieu de son enfance ayant été marqué par une mère pianiste et un père ténor et maître de chapelle. Depuis 1955, Claude Léveillée mena de front les carrières de musicien, de comédien et d’auteur compositeur interprète : spectacles à l’Université de Montréal, au Petit théâtre de poche Anjou, à La Roulotte de la Ville de Montréal, passage à la télévision nationale pour laquelle il créa le personnage de Clo-Clo, dans le cadre de l’émission « Domino » ; il joue également à la Comédie canadienne dans Les oiseaux de lune, de Marcel Aymé. En 1959, avec quelques chansonniers québécois, il fonda le groupe des Bozos. C’est là qu’il fut pris au vol et emmené en France, à Paris, par Edith Piaf, pour qui il composa Le vieux piano, Boulevard du Crime, Ouragan, La vie et Le long des quais et Kiosque à journeaux. À son retour, en 61, il rencontre un autre grand chansonnier québécois, Gilles Vigneault, avec lequel il commence une collaboration de laquelle sortira plus d’une demi-douzaine de chansons. Il est le premier chansonnier québécois à se produire seul à la Place des Arts en 1964. Entre 1964 et 1968, il compose de nombreuses chansons, pas moins de sept comédies musicales ; il s’occupe aussi de musique de films, met en musique des contes, des récits,… Il fit de nombreuses tournées au Canada, en France, en Belgique, en Suisse, en URSS, au Japon et en Pologne. Dernièrement, il a subi deux accidents cardio-vasculaire en 2004, et est actuellement paralysé du côté gauche. Après plus de 8 mois passé à l’hôpital, il a pu rejoindre sa maison, grâce à une assistance à domicile – par ailleurs fort couteuse (il n’a pas perdu de son sens politique, au sens noble du terme, et se bat aujourd’hui pour une meilleure prise en charge des soins à domicile au Québec ; pour les intéressés, voir là). Auteur compositeur interprète comédien et musicien, pour ceux qui voudraient plus de détails sur ce fascinant artiste, voir là et là.

Ah ! Et, pour terminer, ne pas oublier non plus:

Les îles blanches Paroles et musique de Claude Léveillée, 1995

On ne saura jamais si les îles pleurent
Quand elles sont seules
On ne saura jamais si la neige rêve
Quand elle s’endort
On ne saura jamais si l’homme est une île
Quand il est seul
On ne saura jamais si la neige pleure
Quand l’amour meurt
Sur une île (…)

One Reply to “Je me souviens”

  1. Je vois donc à quoi je dois m’attendre cet hiver…..
    que de neige … !!!
    Ce n’est pas grave, on aura de toute façon plus chaud sur la piste de danse… tango tango nous voilà !!!

    Grosses bises à mon couple de tango préféré.

    Julie du tango

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *