Hiver, neige, fraîcheur et orthomyxoviridae

L’hiver, c’est la saison… toute de poésie: de la neige, des paysages où tout est blanc comme de coton, des feux de cheminées, des oiseaux qui mendient leur nourriture, des vacances de Noël ou de ski. Tout cela aurait été merveilleux… mais bien sûr, il faut toujours un trouble-fête; permettez-moi de vous présenter l’actuel responsable:

Myxovirus influenza, mieux connus sous le nom de grippe. C’est elle qui a le don de transformer toute cette charmante poésie en enfer, cassant le silence avec la toux, délaissant la cheminée à la douce odeur de bois pour le lit aux senteurs d’eucalyptus où, dans la solitude, on a l’impression que l’on va expirer son dernier soupir, avec en plus la superbe réussite de réduire la meilleure cervelle en marmelade… et si seulement c’était tout… comme le dit fort bien Le Robert, à l’entrée grippe: « maladie infectieuse, à virus, contagieuse, souvent épidémique, caractérisée par un abattement général et des symptômes variés (fièvre, courbature, atteinte des voies respiratoires parfois compliquées d’infections bactériennes) ». En gros, la grippe ne suffit pas, mais souvent, profitant de l’état de faiblesse générale, des bactéries, voire d’autre virus (comme la pharyngite, la bronchite, la pneumonie, etc) viennent mettre leur nez dans une histoire qui avait pourtant tellement bien commencé avec toute cette blancheur, qui pour une fois n’était pas celle de l’hôpital. Alors qu’en est-il de cette petite saloperie qui, elle, pourrait bien nous y envoyer, à l’hôpital ?

Le virus de la grippe appartient à la famille des orthomyxoviridae et comprend trois membres: l’influenza A, B et C. Pour information, l’influenza A est un virus de forme sphérique de 80 à 120 nm, et qui contient huit pièces de segment de polarité négative d’ARN, qui permet un encodage de huit protéines.
L’influenza A et C attaquent plusieurs espèces, dont l’homme bien sûr, et la B presque uniquement les humains (et apparemment aussi les phoques). La grippe la plus virulente et la plus pathogène est l’influenza A, qui se divise en sous-espèces, et qui est responsable de millions de morts, comme c’est le cas par exemple de l’influenza A H1N1, responsable de la grippe espagnole (qui entre 1918 et 1920 a tué plus de 50 millions de personnes), ou de la H2N2, responsable de la grippe asiatique; dernièrement, nous avons été confronté à H5N1, la grippe avière. Si l’influenza B est plus rare, la C l’est encore plus.

La grippe est à la fois épidémique, c’est-à-dire qu’elle revient chaque année avec l’hiver, et pandémique – mais uniquement pour le type A – c’est-à-dire que là, elle arrive en masse indépendamment des saisons, causant des ravages en termes de pertes humaines importantes; elle se transmet par aérosol (eh oui, le virus de la grippe, il « vole »). Les symptômes classiques sont la fièvre, la toux, la gorge sèche et l’écoulement nasal. Il n’y a pas grand-chose à faire pour se soigner, sinon garder le lit et se reposer, boire beaucoup et chaud, éviter de consommer de l’alcool ou de fumer, et prendre du paracetamol pour faire descendre la fièvre et soulager les douleurs articulaires; éviter l’aspirine pour les enfants en cas d’influenza de type B, car elle peut provoquer le syndrome de Reye. Sinon, pour les groupes à risque, il reste toujours la possibilité de la vaccination… et pour ceux qui ne l’ont pas fait, et qui sont hôte du virus, il ne reste plus qu’à prendre son mal en patience… en tous les cas, un conseil, si la toux persiste, ainsi que les douleurs dans la gorge, il vaut mieux consulter un médecin, une sur-infection est souvent possible… tous unis contre la grippe !